samedi 9 août 2014

Beach2Battleship 2013



Ecrit le mercredi 30 octobre 2013




Après avoir pu goûter de nouveau à l’ambiance d’un triathlon lors de l’IM du Texas après de si longs mois d’arrêt, il me tardait de recommencer, mais l’épisode de 2010 avec seulement 6 semaines entre mes deux IM m’aura servi de leçon et c’est pourquoi je me suis mise à en chercher un en fin de saison. 
Barcelone aurait pu jouer mais il y a tellement de triathlons dans le monde entier, alors pourquoi y retourner faire une course que je connais déjà ? Dans mes critères il fallait également un parcours vélo plat, un cut-off time de 17h, un certain nombre minimum de participants (pas envie de faire une course seule au monde du début à la fin) et surtout avec une logistique assez facile sur place… c’est via le site k226 que j’ai trouvé mon bonheur : Beach2Battleship fin octobre à Wilmington en Caroline du Nord. Tous les commentaires que j’ai pu lire sur Facebook et les nombreux blogs de triathlètes étaient tous très positifs. Donc… zyva quoi !

  
Ce que je n’avais pas envisagé, c’était d’avoir encore moins d’entraînement que pour le Texas… c’est hélas malheureusement possible. Une séance de marche un peu trop soutenue m’a valu une grande douleur au niveau de l’arrière cheville D (eh oui ça faisait un moment n’est-ce pas !) que cette fois j’ai pu localiser vraiment au niveau des tendons fléchisseurs de l’hallux et des orteils, ainsi qu’au niveau de l’insertion du tendon d’Achille sur le mollet. Bref, même douleur mais qui a cédé aux nombreux massages décontracturants au lieu de persister des mois comme il y a 2 ans. Par contre exit tout entraînement autre que la natation ! Saupoudrez d’une bonne dose de boulot à volonté et imaginez ce que ça donne. Total des 5 mois d’entrainements depuis le Texas : natation 86.7km en 35 séances (2.5km/séance), vélo 739km en 23 séances (32.1km/séance), marche 126.2km en 20 séances (6.3km/séance).


Mardi 22 octobre


Je viens de me farcir 4 nuits de garde dont la dernière de 12h sans pause, boulot non-stop du début à la fin, pas dormi depuis plus de 36h, les jambes comme des poteaux et les yeux injectés de sang… voilà mon état à 8h du matin à l’aéroport, direct après ma garde donc. Le 1er vol est Genève-Francfort, j’ai à peine le temps de fermer les yeux qu’on est déjà arrivé.
A Francfort, après bien 30min de marche pour rallier le bon terminal (n’avez-vous jamais remarqué que lors d’escales, on atterrit toujours au terminal complètement à l’opposé de celui du vol suivant ?) les choses sérieuses commencent vu que le prochain vol est à destination des States donc plusieurs check-point par les membres de l’équipage de US Airways avec interrogatoire détaillé, passage dans la machine à rayon X (ou un truc du genre) et mon sac qui est fouillé car quelque chose à l’intérieur paraissait suspect… les douaniers se sont bien marrés quand ils ont vu que c’était un paquet de Prince de Lu ! Puis donc 2ème avion pour Charlotte en Caroline du Nord, 10h de vol que je n’ai presque pas vu passer à l’exception du repas au tout début… au moins l’avantage d’être explosée a fait que j’ai pioncé ou semi-comaté tout le long. Heureusement car l’avion était tout petit comparé à tous ceux que j’avais pu prendre dans le passé et ça foutait un peu les boules quand même (à l’heure où j’écrivais ces lignes, je n’avais pas vu l’avion de retour… encore plus petit !). L’autre avantage était qu’il était loin d’être complet donc j’ai pu avoir le siège à côté de moi de libre pour étendre les papattes.


Donc atterrissage à Charlotte où j’avais prévu une escale très large de 4h vu que l’on doit passer la douane pour sortir, attendre et récupérer nos bagages, les ré-enregistrer sur un tapis roulant et repasser de nouveau les contrôles d’immigration… et selon l’affluence on peut très vite se retrouver à poireauter dans une file interminable. Au final en moins de 1h30 c’était fait, et je constate avec désarroi que mon dernier vol a 3h de retard avec un départ à 23h30… p*** de b*** de m *** !!! ça fait juste plus de 17h que je me trimballe dans les aéroports et les avions, je suis morte et j’en ai juste marre. En déambulant devant les shops duty free j’aperçois un salon proposant des massages, d’habitude c’est pas du tout mon truc mais là aucune hésitation j’y cours (façon de parler ;-) pour me faire masser les jambes qui sont juste comme des barres à mine. Ça fait un bien fou et ça fait passer un peu la pilule du vol en retard, destination finale Wilmington où il est bien minuit quand on atterrit, tout est fermé et la décoration ressemble bien plus à celle d’un musée qu’à un aéroport : c’est tout mignon avec de la moquette partout, des vitrines d’exposition, des rocking-chair, des petits bancs etc.

                                
Le temps de récupérer mes bagages et voilà Michael, le gérant du Stemmerman’s Inn où j’avais réservé et qui ressemble à un père noël en chemise à fleur, bermudas et sandales, qui est venu me chercher pour me ramener à bon port, vraiment très gentil. En moins de 10min de route on arrive au centre ville et la dernière difficulté de la journée sera de monter l’escalier bien pentu avec ma valise vélo de 10 tonnes pour rejoindre ma chambre ; même pas la force de défaire les bagages que je m’écroule sur le lit…

                               


Mercredi 23 octobre

… pour me réveiller à 15h ! Encore un peu décalquée mais plus reposée quand même. Pour aujourd’hui rien de prévu à part aller faire les coures vu que je loge en fait dans un mini-appart où on peut cuisiner : un paquet de pâtes et un pot de sauce tomate Ragu me fera les repas pour tout le séjour, au moins ça c’est pas cher, c’est suffisant mais pour le côté gastronomique on repassera.


Sinon je repère les lieux autour du Stemmerman’s Inn qui est super bien placé à 10min à pied de T2 et de la finish line, une des raisons pour laquelle je l’ai choisi, et en plus les chambres sont super belles, confortables et vraiment tout équipées.
           

Au niveau de la météo c’est assez similaire à ce qu’on avait à Genève ces derniers jours mais pour le week-end il est annoncé une grosse chute de la température… ouch c’était pas prévu, va falloir surveiller ça car je n’ai amené que du court pour le vélo !





Jeudi 24 octobre


Après un réveil tranquille direction le Bike Cycle Shop, un des deux magasins de vélo partenaires de la course, pour y faire contrôler mon vélo. J’avais pris contact avec le gérant Shawn, super sympa, d’ailleurs tout le monde est super sympa dans cette ville notamment Elmoore le chauffeur de taxi qui m’y a conduite, la caricature type du biker avec le t-shirt noir, le jeans, les lunettes de soleil et les cheveux longs. Trop cool le gars.


Puis je passe au Convention Center récupérer mon dossard dès l’ouverture du check-in, c’est bien car il n’y a presque personne donc aucune file d’attente et en moins de deux c’est réglé. Petit tour au village expo mais les seules choses que j’aurais éventuellement besoin d’acheter c‘est des habits chauds pour le vélo. L’aprèm, c’est promenade le long de la Cape Fear river et apperçevoir l'USS Battleship of North Carolina de l'autre côté de la rive.

   
Petite visite guidée à bord d’un petit tramway, le downtown me fait penser à l’Europe et en même temps je trouve que les petites maisons et les paysages ressemblent au Canada, avec beaucoup de verdure. Rien à voir avec Houston.

Puis retour à la casa pour se reposer ; j’en profite pour consulter de nouveau la météo : ils annoncent vraiment très froid dans la nuit de vendredi à samedi, genre 2-3°C au départ de la natation, et un maximum de 16°C dans l’après-midi pour ensuite retomber à 4°C dans la soirée. Mais au moins «zero chance of rain », c’est déjà ça et apparemment un vent Nord-Nord-Ouest qui ferait qu’on l’aurait de dos pour la deuxième partie du vélo vu que c’est une grosse boucle… mais bon, ça peut encore bien changer d’ici samedi ! Une autre nouvelle assez flippante, c’est la présence de « Mary Lee » dans les environs de Wrightsville Beach… où justement on est censé nager !


Mais bon, la bestiole a été aperçue dans l’océan et le parcours nat est dans un canal relié à l’océan, pas directement dedans. Donc théoriquement elle ne devrait pas s’y aventurer, à moins que l’attrait de la chair fraiche à volonté ne lui fasse changer d’avis. Purée, déjà que je j’ai une peur irrationnelle des requins quand je nage dans le lac Léman…Sinon je regarde régulièrement les posts sur Slowtwich, un peu l’équivalent d’OT aux States ; j’ai l’impression que les préoccupations principales des triathlètes sont 1) qu’exceptionnellement cette année la natation se fera sans courant favorable car basse marée (cette course étant réputé pour avoir une natation très très rapide, plus de -20min sur les temps normaux), 2) la direction du vent, 3) comment s’habiller pour le vélo (ça parle de veste, sur-chaussures, cagoule…).



Vendredi 25 octobre
            


Premier réveil à 6h du mat par un coup de téléphone d’un certain Yanou (« oh merde, tu dors ?!? » LOL) puis second réveil à une heure décente avec tout plein de messages de happy B-Day sur facebook, ça booste le moral ! A midi je retourne avec Elmoore au Bike Cycle Shop récupérer mon vélo et j’en profite pour m’acheter une paire de gants longs et des knee-warmers Specialized super confortables.


Puis direction T1 à Wrightsville Beach pour le check-in du vélo et sacs, il fait très beau mais frisquet malgré le soleil. Derniers préparatifs avant de me rendre au Convention Center où sera T2 pour y déposer mon sac run et assister à la pasta party dans une grande salle de banquet, où je retrouve Eric alias LaRo un triathlète du Québec dont j’ai fait la connaissance sur Slowtwich et qui m’a donné plein de conseils sur la course vu que c’est la 3ème fois qu’il y revient, ainsi que Benoît un de ses amis de Montréal, qui sera sur le half au lieu du full car un peu malade.
  
B2B
C’est vraiment cool d’avoir des gens avec qui parler français, en plus ils sont super sympas. Durant le dîner on a droit au race briefing avec quelques informations sur la courses ainsi que quelques chiffres : 2000 participants dont 800 sur le full, une petite vingtaine d’étrangers dont environ 5 européens à tout casser, des températures glaciales prévues pour le matin, notre amie Mary Lee etc. Puis direction dodo car demain va falloir se lever tôt…




Samedi 26 octobre


4h10 et complètement réveillée, c’est trop tard pour me rendormir car la sonnerie est réglée pour la demi donc je prends tranquillement le ptit-déj. Il fait nuit noire dehors avec moins de 3°C et rien que dans la chambre je grelotte, pfffff quelle idée d’être debout à des heures pareilles! J’enfile les cinq couches d’habit avant de rejoindre l’hôtel Hilton à moins de 10min à pied, d’où partent les navettes qui nous conduiront à T1.


Ce sont des petits trolleys qui me font penser au Knight Bus dans Harry Potter. 


Après environ un quart d’heure de route, toujours dans la nuit noire et en compagnie d’autres triathlètes silencieux, et on arrive à bon port. Chacun s’active autour de son vélo, j’emprunte la pompe à un gars et je constate qu’il y a plusieurs petites écorchures sur mes pneus que je n’avais pas remarqué avant, super pour la confiance.


Après avoir enfilé ma combi, des vieux vêtements chauds et une paire d’anciennes pantoufles je monte dans une 2èmenavette qui va nous conduire jusqu’au départ de la natation. Il est 6h30, encore 1h à poireauter dans le noir, le vent souffle et on commence vraiment à se les cailler grave. On se rassure entre nous comme on peut mais l’ambiance est quand même un peu tendue. Les trolleys défilent les uns après les autres avec leur plein de triathlètes, et j’aperçois Eric. Encore une demie heure à se les geler, on perd une sacrée énergie à essayer de se réchauffer, avant de se rendre sur la plage où a lieu le départ.

B2B 
Vu qu’il n’y a pas de pre-race bag toutes les affaires amenées sur la plage seront données aux charités c’est pour cela qu’on avait pour la plupart prévu de vieux habits, et Eric des super pantoufles léopard du dollar shop qui ont fait un tabac J. C’est bientôt l’heure, le temps de l’hymne national et de l’hymne de la course : Lose Yourself d’Eminem, une de mes chansons préférées!

"Look... if you had one shot, or one opportunity
To seize everything you ever wanted. One moment
Would you capture it, or just let it slip?
Yo..."                           
                                                                                                                                    





Swim 2.4 miles

Le coup de feu est enfin donné, j’ai les mains et les pieds complètement congelés mais agréable surprise l’eau est super bonne à environ 21°C, ça fait un grand contraste avec la température de l’air. Un peu de bousculade au départ, je pars tranquillement devant au milieu mais je me retrouve rapidement à nager quasi seule complètement à gauche du pack alors que j’ai pas l’impression de me tromper de trajectoire.

B2B
De toute manière c’est quasi 3 bornes en ligne droite et vu que je n’arrive à voir aucun repère, je me cale juste sur les nageurs à une vingtaine de mètres devant moi. L’eau est très salée et la bouche devient vite très sèche, par contre autre bonne surprise c’est les bonnes sensations de nage avec la nouvelle combi récemment achetée, une Orca S4 sans manche et ça, ça fait toute la différence ! Le cou un peu serré comme d’habitude mais aucune limitation aux épaules pour les mouvements, c’est super agréable et la flottaison est énorme. Le temps passe lentement, je ne vois toujours pas l’ombre d’une bouée et le soleil commence à se lever. Je pense à comment je vais en chier en vélo, m’imagine tous les scénarios possibles et improbables, je me dis qu’heureusement l’eau est suffisamment opaque pour ne pas voir le requin s’il passait par là…


Enfin la bouée orange, en fait j’étais dans la bonne trajectoire et les autres la prennent vraiment très largement à droite. Une fois passé le virage à gauche, il faut prendre la tangente comme conseillé sur Slowtwich pour faire au plus court et non suivre la courbe du S. Finalement je sors de l’eau en un peu plus d’1h04 mais je me demande si on n’a tout de même pas bénéficié d’un faible courant (bien qu’à posteriori tous les commentaires sur le forum et FB disent que c’était une nat sans aide avec des temps lents comparés aux années « normales ») car je n’ai pas eu l’impression d’avoir forcé. Peut-être aussi que tout compte fait, la combi aide quand même.


Transition de 400m sur de l’asphalte qui nous aurait bien décapé les pieds s’ils n’étaient pas déjà complètement engourdis par le froid. Arrivé au parc on récupère notre sac pour aller se changer dans les tentes. Là c’est une première, j’opte pour un changement complet de tenue car je ne vais pas me risquer à partir avec des habits mouillés sur le vélo alors qu’il fait à peine 5°C. Donc enlever la combi et le maillot de bain, puis essayer d’enfiler des habits alors qu’on est mouillé, avec le nez qui coule, l’herbe qui colle aux pieds, c’est vraiment pas évident et je constate que je ne suis pas la seule à galérer, ce qui me vaut une belle T1 de 10 minutes.



Bike 112 miles

J’enfourche le vélo et c’est parti. Au final j’ai donc décider de m’habiller en long car je me souviens de l’épisode cata du vélo de Cublize et être DNF à cause d’une hypothermie c’est pas top, mais pas trop chaud non plus car je déteste avoir chaud : singlet, cuissard, maillot vélo, coupe-vent, manchettes, knee-warmers, chaussettes de contention et gants longs. Et c’était le choix idéal du début à la fin du vélo. Théoriquement, je dis bien théoriquement, d’après les différents sites de météo on était censé avoir un vent NNO qui fait que la première moitié du parcours aurait été vent de face mais de dos pour la seconde moitié.


C’est vrai qu’en ayant ça en tête, je m’étais dit qu’il fallait être patient jusqu’au 100ème km (pour donner un peu de marge) puis qu’ensuite ce serait que du bonheur. Donc normal que j’en bave au début. Comme d’habitude je me fais dépasser par tout le monde ; je sais que je suis en gros sous-entraînement (ou plutôt en non-entraînement) donc rien d’étonnant mais quand même, je n’aime décidément pas ce vent des states. J’essaie de me caler sur l’allure du numéro 437, un grand gaillard en coupe vent jaune fluo, jogging et baskets dans des pédales à cale-pieds ! Il allait plus vite que moi mais s’arrêtait à tous les ravitos chaque 20 miles donc on s’est souvent croisés. Bref, je n’ai aucune force dans les jambes et je pédale à une haute cadence pour ne pas avoir à appuyer dessus (89rpm de moyenne sur le parcours, en comptant les nombreux épisodes en roue libre… donc pas trop mal) et mes orteils vont rester complètement congelés pendant les cinq premières heures. Le parcours est plat à l’exception de quelques ponts à passer, et le revêtement correct sur les grandes routes mais par contre vraiment moyen dès qu’on passait sur des plus petites routes de forêt ou d’habitation.

                                         
On roulait sur le côté de la route complètement ouverte à la circulation à l’exception d’une portion d’autoroute d’environ 10km fermée au trafic, mais sinon il fallait faire avec les voitures, heureusement les routes étaient larges mais c’est moyennement sécurisant. Des policiers étaient également présents aux embranchements principaux pour réguler la circulation, merci à eux. Arrivée à mi-course et déjà bien entamée par la fatigue et la lassitude je n’attendais plus que ce fameux virage qui nous amènerait le vent de dos… et je l’attends toujours d’ailleurs ! Peu importe dans quel sens le virage allait, qu’on aille tout droit, à gauche, à droite, en arrière, le vent était toujours de face… à s’y arracher les cheveux ! Seules quelques rares portions de quelques centaines de mètres nous offraient l’aide du vent, mais même sur un tronçon complètement droit et dégagé la vitesse pouvait varier de 10km/h d’un instant à l’autre. Je me suis même demandé si c’était moi qui hallucinais mais non, plusieurs gars qui me dépassaient m’ont également fait cette remarque. Vent NNO de dos pour le retour… dans nos rêves ouais ! 

B2B
Donc complètement cuite, avec la douleur à l’arrière cheville D qui commence à se manifester, un remake du Texas mais la chaleur en moins donc quand même moins éprouvant, les derniers 30 miles m’ont paru juste interminables et finalement c’est avec soulagement que je reconnais le pont Isabel Holmes qui annonce la fin du parcours, 7h48 de pédalage dans la semoule…



Walk 26.2 miles

La T2 se fait à l’intérieur du Convention Center et se passe beaucoup plus rapidement car j’ai opté pour juste enlever les knee-warmers, mettre le coupe-vent et les gants dans la poche arrière du maillot et garder tout le reste car même si à cette heure il fait super bon et beau, dans moins de 3h la nuit tombera et les températures chuteront rapidement. 


J’attaque donc le marathon et dès les premiers pas la douleur au niveau des tendons fléchisseurs des orteils D se manifeste assez vivement, je n’ose pas imaginer ce que 42 bornes en marchant dessus va donner, si je vais devoir abandonner tellement ça me fera mal… mais je ne veux pas y penser pour le moment. C’est quand même difficile mentalement d’attaquer en marchant et tout en sachant bien qu’on va devoir faire tout le parcours en marchant. C’est surtout difficile de voir les spectateurs qui nous encouragent et qui ne doivent pas comprendre pourquoi je suis entrain de marcher alors que je viens à peine de commencer !


Le parcours est en deux boucles, avec une 1ère partie dans le downtown le long de la Cape Fear River avec une foule incroyable de spectateurs et triathlètes du half qui ont fini leur course. Après, un passage dans une sorte de zone industrielle assez moche pour arriver au Greenfield Lake dont on va faire longer le bord en aller-retour. J’ai beaucoup aimé cette partie car on est en pleine nature avec des paysages magnifiques, c’est calme et loin de la foule et on peut vraiment être dans sa bulle. Vers le 5ème mile je croise Eric qui en termine avec sa course et qui me dit qu’il a complètement explosé sur la càp, mais bon il va finir dans le top 50 ! J’ai regardé une fois ma montre après une heure de marche pour voir que j’étais sur un rythme de 6km/h, vraiment pas mal compte tenu de la douleur à la cheville. Sinon un coup d’œil au chrono d’arrivée en passant devant la finish line pour attaquer la deuxième boucle. Au bout de 10 bornes le soleil s’est couché et la température a baissé, donc j’ai sorti le coupe-vent.


Au special need bag à mi-course j’ai récupéré mon bonnet, après 25 bornes j’ai mis les gants et malgré ça j’ai vraiment commencé à avoir froid avec la fatigue et même la nausée. J’ai pensé que c’était peut-être un signe de légère hyponatrémie car ayant probablement quand même transpiré sur le vélo et n’ayant bu que de l’eau sur les ravitos de la càp, même si j’avais pris des quartiers d’orange et des morceaux de barres comme solide. Bref, j’ai donc voulu essayer un truc… le fameux chicken broth. Au briefing le speaker nous avait dit qu’il y en aurait aux ravitos et que de nombreux triathlètes ne juraient que par ça; sur le coup, l’idée de boire du bouillon de poulet sur une course m’aurait plutôt donné un haut-le-cœur qu’autre chose, mais là, en conditions réelles à 22h du soir quand il fait 5°C et que j’ai la nausée et la tête qui tourne, ça devient soudain une obsession… oui, l’obsession du salé, je rêvais d’une bonne tranche de pizza (c’est marrant car à posteriori en lisant les forums et les blogs, beaucoup d’autres avaient comme moi cette forte envie de pizza !). Première tentative de bouillon de poulet, un demi-gobelet tiède, le goût n’est pas mauvais mais ça ne fait pas passer la nausée ; et dommage qu’il soit tiède. Deuxième tentative au ravito suivant et là c’est un gobelet bien chaud, mmmhhhh qu’est ce que c’est bon !!! Je sens que ça va mieux, les nausées ont disparues, la force revient un peu, et j’en reprendrai donc encore deux fois sur la fin du parcours. Sur ce deuxième tour on n’est vraiment plus très nombreux, il fait nuit noire mais on a reçu des glowsticks et la quasi totalité du parcours est éclairée donc pas de souci. En plus j’adore cette ambiance spéciale entre BOP sur la fin du marathon ; il reste encore des bénévoles téméraires malgré le froid à nous indiquer la route et à nous encourager, ils sont vraiment formidables et on ne les remerciera jamais assez ! Combien de fois j’ai entendu ces « Good Job », « go athletes », « you look great » et autres paroles boostantes !


On quitte le lac et la forêt pour revenir sur la ZI, ça sent la fin qui se rapproche, plus que 2 miles, on arrive dans le downtown où une foule encore conséquente est là à crier et chanter et encourager, certains sont complètement bourrés mais tellement drôles et sympas, on se fait des high five, je les remercie et finalement je passe les derniers mètres de pavés pour franchir la finish line juste avant 16h05. Objectif accompli avec une marche en somme très satisfaisante car j’améliore de plus de 20min par rapport au Texas et ce malgré cette douleur lancinante!


Un bénévole me donne une couverture de survie en alu, je choppe une petite canette de coca mais ne m’éternise pas au ravito car il n’y a que du sucré. Le comble c’est qu’il y avait effectivement bien des pizzas mais tout a été dévoré par les finishers du half et ceux du full qui ont terminé en un temps décent… pas de bol pour les BOP. Je file (façon de parler) au Convention center récupérer mon vélo et mes sacs de transition et rentre à la maison ; le temps de prendre une douche qui a pour effet de réveiller douloureusement tous les plaies à vif, de s’étonner d’avoir des courbatures à des muscles dont on avait ignoré l’existence jusque là (genre les muscles intercostaux… allez savoir pourquoi ils font mal !) et je m’écroule littéralement de sommeil dans le bon lit douillet… Je suis explosée, j’ai mal partout, mais cette fois c’est de la bonne fatigue comme on l’aime J.
    
B2B
Une superbe course avec au final une météo qui m’a plutôt bien convenue même si ça aura été un vrai casse-tête pour savoir comment s’habiller. Les points positifs auront été : la natation avec la combi sans manche, juste nickel et je pense que je ne vais plus utiliser celle avec manches de sitôt, la juste décision d’avoir pris le temps à T1 de me sécher et me changer intégralement, le marathon bien « géré » malgré la douleur, les supers bénévoles et tous ces triathlètes anonymes très sympathiques. Les points d’amélioration ce sont bien sûr : le vélo, cette année j’ai vraiment subi la course et y’a pas de miracle sans entraînement, ne jamais se fier aux prévisions météo concernant le vent, ne jamais espérer un vent de dos (s’il y en a un, alors tant mieux mais ne pas compter dessus car ça mine le moral), le live tracking qui a rencontré des problèmes avec des résultats affichés non conformes à nos temps d’arrivée. Mais bon ce n’est pas grave, je ne suis pas à quelques minutes près, je m’en fiche du temps car le but c’est bien sûr d’être finisher. 

What's app avec Yanou LOL
Petite dédicace à Eric pour sa gentillesse et ses conseils sur Slowtwich, à la pasta party et le matin de la course. Un énorme merci également à Michael, le gérant du Stemmerman’s Inn qui a été un hôte formidable et toujours aux petits soins pour me rendre le séjour le plus agréable et tranquille possible. Bref, une semaine totalement déconnectée du train train quotidien, le temps d’une escapade dans une très jolie ville qui a accueilli un un triathlon mémorable, plein de beaux souvenirs à ramener ici pour continuer à rêver… jusqu’à la prochaine course !




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