samedi 9 août 2014

Verdict: syndrome de loges d'effort


Ecrit le 17 mai 2014



Sur le marathon du B2B en octobre dernier, j’avais ressenti de fortes douleurs au niveau du muscle tibial antérieur D qui m’avaient sur le moment fort fait penser à un syndrome des loges d’effort. 
Malgré une coupure totale du sport de 2 mois après la course puis une reprise très tranquille début 2014, et malgré les étirements et des séances de massage, les douleurs ont persisté pendant plusieurs mois (et même rien que pour les activités de la vie quotidienne à savoir marcher) jusqu’à ce que je me suis décidée à retourner consulter mon médecin du sport fin avril. Pour lui les symptômes évoquent assez un syndrome des loges d’effort même si les conditions d’apparitions des douleurs n’étaient pas « extrêmes », càd qu’elles sont déclenchées par une simple marche à plus de 5.5km/h ou juste par un pédalage en roue libre sur le vélo… ce qui ne représente pas vraiment un « vrai effort ». Bref, le seul examen fiable pour confirmer ou exclure le syndrome c’est la mesure de pressions des loges musculaires.


Le rendez-vous est donc fixé et je me rends donc mardi 13 mai à Beau-Séjour pour le passer. Dans la salle de sport je commence par 15min d’échauffement sur un vélo d’appart puis par quelques minutes de marche sur un tapis de course en augmentant progressivement l’allure jusqu’à reproduire un début de douleurs. Je passe ensuite sur une « machine » style de musculation pour les jambes, où on peut reproduire un effort excentrique contre résistance, que ce soit en flexion ou en extension du pied, permettant ainsi de tester les différentes loges musculaires. Bref, le physio m’installe et mon doc arrive avec une cdc de médecine du sport également : chacun s’occupera d’une loge car on va tester la loge antérieure D mais aussi la loge postérieure profonde D. Ils commencent d’abord par une anesthésie locale à 2 points, pour ensuite insérer des « trocards » en plastiques avec une aiguille (assez impressionnant à regarder, car là c’est pas le petit venflon rose mais bien une GROSSE aiguille !!!) ; l’aiguille est ensuite retirée et seul le trocard reste, et où ils pourront placer la sonde pour mesurer les pressions des loges.


Tout d’abord, calibrage de l’appareil et relevé des pressions au repos : moins de 10mmHg pour les 2 loges, c’est donc normal. Ensuite, pendant 5minutes je vais devoir faire une dorsiflexion du pied tout en gardant bien le talon collé : ça c’est pour solliciter le muscle tibial antérieur et donc tester la loge antérieure. Peu à peu je sens le muscle s’échauffer, puis clairement la douleur apparaître. Après 5min, je dois encore faire 2min de dorsiflexion du pied mais également retenir le pied quand la machine retourne au point zéro : là c’est fait franchement douloureux et les pressions sont assez hautes. Ensuite stop net de l’exercice : il reste à mesurer les pressions pendant les 6 minutes suivantes et regarder la décroissance : en temps normal les pressions doivent être inférieures à 20mmHg à de 2 minutes, et revenues à la normale au bout de 5minutes. A 3min j’étais encore à 30mmHg et à 5min encore à 20mmHg (alors qu’on avait eu moins de 10 au tout début au repos). C’est donc clairement pathologique pour la loge antérieure.

On passe ensuite à la loge postérieure profonde : même exercice mais cette fois avec des flexions plantaires du pied contre résistance, et même en « grippant » les orteils pour solliciter les fléchisseurs des orteils. Pendant les 5min je n’arrive pas à reproduire les douleurs (tant connues) au niveau de mes périostites et de l’arrière cheville, par contre le tibial antérieur est au bord de l’explosion ! Encore 2minutes supplémentaires avec en plus flexion contre la machine lorsqu’elle revient au zéro. Les pressions sont hautes pendant l’effort mais retombent tout de suite en dessous de 10mmHg dès l’arrêt de l’effort ! Donc pas de syndrome des loges en postérieur. 

Voilà, donc le test est clairement positif pour la loge antérieure D. J’en étais quasiment sûre à 95%, apparemment mon doc l’était moins que moi mais bon les résultats sont clairs donc au moins maintenant je suis fixée. J’étais quand même assez étonnée pour la loge profonde car c’est surtout à cet endroit que j’ai eu le plus de problèmes, mais le doc m’a dit qu’il avait eu quelques rares cas de patients qui présentaient une symptomatologie un peu bâtarde en antérieur, et des douleurs aussi en postérieur de type périostite, qui avaient fait le test avec un syndrome isolé de la loge antérieure, qui s’étaient fait opérer uniquement de la loge ant et chez qui les problèmes postérieurs avaient également disparus après opération ! Je ne sais pas comment expliquer cela, mais ce serait juste énorme si c’était mon cas !!! J’en rêverai… mais on n’en est pas encore là.   
   


Le syndrome des loges d’effort chronique (ou syndrome compartimental d’effort) est en fait une augmentation anormale des pressions d’un muscle dans sa loge lors d’un effort, et qui persiste encore même après l’arrêt de l’effort. Le muscle est entouré de son aponévrose, une membrane fibreuse non extensible ; lors d’un effort le muscle augmente de volume mais comme ce n’est pas le cas de l’aponévrose, les pressions vont augmenter dans la loge. Cette hyperpression peut compromettre la circulation sanguine dans la loge et conduire vers l’ischémie du muscle. Cette situation peut être due soit à une augmentation excessive du volume musculaire (hypertrophie musculaire) à cause d’un entraînement trop intensif ou inadapté, ou soit à une réduction de l’espace anatomique réel de la loge. Ce syndrome peut apparaître au niveau de la jambe mais également aux avant-bras, notamment chez les motocyclistes. Il faut distinguer le syndrome des loges d’effort chroniques du syndrome des loges aigu, qui lui peut apparaître après un traumatisme genre fracture, ou en post-opératoire orthopédique et qui représente une vraie urgence chirurgicale !

Pour le syndrome de loges d’effort, il n’y a malheureusement pas de traitement conservateur qui marche… le seul traitement curatif c’est la chirurgie : l’aponévrotomie, c’est à dire la section de l’aponévrose, permettant ainsi de « libérer » le muscle et faire en sorte qu’il ne se retrouve plus comprimé dans sa loge. Cette opération peut se faire par voie endoscopique avec seulement 3 petites incisions : moins invasif, moins de complications et sous contrôle visuel pour éviter une malencontreuse lésion du nerf péronier superficiel qui passe juste en plein devant la loge antérieure. 


En gros ce sera une nuit d’hospitalisation en post-op, puis charge directe sur la jambe en fonction des douleurs et marche quotidienne « normale » (pas la marche sportive) à 2-3 jours. Reprise de la natation à l’ablation des fils à J10, reprise tranquille du vélo à 2-3 semaines, puis de la marche rapide ou càp tranquille à 1 mois. Retour «à la normale » du sport vers les 2 mois. A savoir qu’il y aura une perte de force musculaire d’environ 10% mais qui ne se ressent apparemment pas.

Après le test (et une fois que l’effet de l’anesthésie locale a disparu) j’ai eu des grosses contractures qui m’ont fait boiter pendant 48h. Pour le moment c’est repos car ça fait un bail que je n’avais plus fait un effort aussi intense au niveau de la jambe… et ça se ressent bien! C’est donc juste un peu de natation, ça tombe bien car les piscines extérieures viennent d’ouvrir. Bref, la prochaine étape est donc de prendre rdv avec le chirurgien (qui est en fait un des différents médecins du sport que j’avais vu en 2011) et fixer une date opératoire… bon bah, yapluka !!!

En attendant, petit flashback exactement un an en arrière… yeah !    


                           



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