vendredi 8 août 2014

Quand tendinite rime avec périostite




Ecrit le samedi 15 janvier 2011



Je reviens sur cette blessure à la jambe droite qui m’empêche de courir depuis trois mois. Pendant toute la saison passée j’avais eu des « douleurs » aux tendons d’Achille, en particulier le droit, après quasiment chaque séance de càp et que je traitais par des crèmes ou des patchs anti-inflammatoires ; j’avais de la peine à marcher normalement car ça me tirait au niveau des tendons pendant quelques heures puis la douleur (ou plutôt la gêne) disparaissait jusqu’au prochain entraînement, mais sans jamais être forte au point de m’arrêter de courir. J’avais d’ailleurs connu dans le passé quelques épisodes de tendinite au même endroit et ça n’avait rien à voir, c’est pour cela que ça ne m’inquiétait pas trop ; je pensais que c’était normal et qu’il fallait m’adapter et m’habituer à ce sport réputé pour être assez traumatique envers les articulations.

En septembre, pendant un entraînement de càp, j’ai ressenti pour la première fois une petite douleur au tibia droit juste au dessus de la malléole interne qui a spontanément passé. Plus rien par la suite jusqu’au marathon à Barcelone où je l’ai sentie de nouveau, mais comme à ce moment-là j’avais mal partout je n’y ai pas prêté plus attention ; j’ai eu encore mal les jours d’après mais avec des patchs et de la glace ça a disparu.
Deux semaines après Barça on a fait la Strongmanrun avec des potes du TriSalève. Je n’avais plus recouru depuis mais vu que c’était que 13km et qu’on était censé la faire juste pour se marrer, j’ai pensé que ça irait… malheureusement ma notion de « course tranquille » n’étant pas exactement la même que pour les autres bien meilleurs que moi, je me suis retrouvée à bloc tout le long pour essayer de les suivre tandis qu’ils étaient en footing pépère. La mauvaise météo et les obstacles sur la course n’ont rien arrangé et je pense que c’est justement à la réception d’un saut que j’ai cette fois-ci vraiment eu mal au tibia.


Et depuis c’est la galère… la douleur n’est pas passée mais est allée en empirant jusqu’à me faire boiter (et en passant raviver la tendinite d’Achille) et être présente même à la marche ou simplement en étant debout. Vu le délai d’attente de quatre semaines pour obtenir un rdv chez un médecin du sport, j’ai fini par demander conseil à un collègue orthopédiste qui m’a fait faire en premier une radio de la jambe : normal, puis un IRM qui n’a rien montré de plus qu’une tendinite chronique au tendon d’Achille mais sinon pas de fracture de fatigue ni de réaction périostée. Malgré ça il m’a quand même recommandé encore un mois d’arrêt pour la càp et d’y aller molo en natation et vélo.

Un mois plus tard, on est début décembre et pas de changement ; je vois finalement le médecin du sport à qui la situation semble vraiment plutôt banale, du moins c’est l’impression qu’il donnait; il n’a pas posé de diagnostic précis mais je l’ai vu gribouiller « shin splints » dans le dossier et j’en ai conclu que j’avais une périostite. Il a dit que les causes étaient une raideur des muscles de la chaîne postérieure de la jambe (donc du mollet) ainsi que des chaussures trop usées, et m’a recommandé des exercices d’étirements du mollet, prescrit des séances chez le physio et dit d’acheter de nouvelles baskets. A ma question : « quand est-ce que je pourrai recourir ? » il a répondu « dès maintenant sans problème, il faut recommencer progressivement et s’arrêter en cas de douleur, et que dans un mois et demi ça devrait normalement être guéri ».
Je suis ressortie de cette consultation plutôt perplexe : d’un côté soulagée car ça semblait  vraiment rien de grave pour lui et du coup je me sentais un peu bête d’être allée consulter pour si peu, mais d’un autre côté pas vraiment rassurée car ok je peux dès aujourd’hui recourir jusqu’à la douleur mais… j’ai déjà mal rien qu’à la marche ! Du coup, dans le doute, j’en parle à Pierre qui me conseille d’aller d’abord chez le physio et de voir ce que celui-ci dirait quand à une reprise dès maintenant.

Les séances chez le physio se passent bien mais il a tout de même préféré que j’attende encore pour la course. J’ai donc pris mon mal en patience : nouvelles chaussures pour la càp et pour le boulot,  étirements quotidiens du mollet en suivant le protocole Stanish tout en continuant la natation et le home trainer. Avec tout ça les douleurs ont bien diminué voire presque disparu. La semaine dernière j’ai enfin eu le feu vert du physio pour reprendre la càp : pour le moment que sur pelouse et à allure modérée, en commençant par 15 minutes pour ensuite allonger petit à petit si tout se passe bien, continuer quitte à ressentir de petites douleurs mais arrêter si c’est vraiment trop fort. Pour l’instant j’ai fait deux sorties : les tibias ont picoté à certains moments et j’ai quand même « senti » les tendons d’Achille mais sinon pas de grosse douleur, ça a l’air d’aller, croisons les doigts !

En désespoir de cause j’avais effectué beaucoup de recherches sur le net pour en savoir plus sur la périostite ; ce que j’en ai retenu c’est que : ça touche beaucoup de sportifs, les causes sont multiples, les symptômes assez caractéristiques, les traitements nombreux mais la guérison totale incertaine. En voilà un petit résumé:



Le « Shin splints », aussi dénommé MTSS pour « Medial Tibial Stress Syndrom », est un terme médical général n’impliquant pas un diagnostic précis, mais qui reflète plutôt un syndrome douloureux au niveau de la partie antérieure du tibia. La douleur peut être causée par un problème aux muscles, aux os ou aux tendons. Les causes les plus communes sont la périostite, la fracture de fatigue et le syndrome des loges.

La périostite est le plus souvent le résultat d’une hyper-utilisation ou surmenage, qui cause des tractions au niveau des tendons et de l’insertion des tendons sur l’os provoquant alors une inflammation du périoste, qui est la membrane de l’os. Les différentes causes sont: un problème biomécanique du pied (pied plats ou creux, pieds pronateurs), des chaussures inadéquates (support inadéquat, manque d'absorption), une surface de course trop dure, une augmentation trop rapide de l'entraînement, et/ou une faiblesse et un manque de souplesse musculaire.

La périostite tibiale se rencontre surtout chez les coureurs, les joueurs de tennis, de volleyball, de basketball, de football et autres sports avec phases de saut ; et je rajouterais aussi chez les triathlètes. Elle est caractérisée par une douleur qui débute de façon insidieuse, et est localisée au niveau de la région interne du tibia à la zone inférieure ou supérieure, de manière diffuse sur plusieurs centimètres. Cette douleur est souvent ressentie pendant les accélérations et décélérations mais peut diminuer lors du maintien d'une vitesse élevée, qui s'expliquerait par le fait que dans ces conditions l'appui au sol serait plus dynamique, impliquant davantage les structures musculaires et moins les structures osseuses donc moins de vibrations. La douleur peut devenir importante au point de contraindre à l’arrêt de la course à pied et le principal risque de la poursuite de l'activité est l’évolution vers la fracture de fatigue.

Le diagnostic du Shin splints inclut une anamnèse, un examen clinique et a le plus souvent recourt à l’imagerie. Une radiographie standard de la jambe pourrait éventuellement montrer une réaction périostée ou être tout à fait normale. L’examen de choix reste l’IRM ou imagerie par résonnance magnétique ; les différentes structures de la jambe telle que les muscles, les os et les tendons peuvent être analysées et permettre ainsi d’exclure ou de confirmer une fracture de fatigue.
Les traitements de la périostite sont variés et diffèrent selon les points de vue. Ils consistent en un repos relatif avec diminution de la charge d’entraînement; certains préconisent un arrêt total de la course à pied pendant une certaine période tandis que d’autres conseillent justement de la poursuivre malgré la douleur. La natation et le vélo sont des alternatives pour entretenir la condition physique et peuvent être pratiqués sans risque. On peut diminuer l’inflammation par le glaçage, des anti-inflammatoires et de la physiothérapie. Des exercices de renforcement et d’assouplissement appropriés permettent de récupérer. Des chaussures adaptées et/ou semelles orthopédiques semblent être nécessaire en cas de problèmes biomécaniques du pied. Les ondes de chocs présentent également une alternative.

La guérison peut être longue et la prévention repose alors sur une progressivité de l’entraînement.




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