Ecrit le vendredi 7 janvier 2011
Alors tout d’abord il faut le
dire : j’ai été embarquée sur ce triathlon à l’insu de mon plein
gré ! Sûrement l’effet de groupe en entendant plusieurs potes du
TriSalève, dont j’avais fait la connaissance lors d’un stage à Argelès-sur-Mer,
en discuter entre eux et quelqu’un qui sort « allez viens avec
nous ! »… ok je m’inscris donc sans trop réfléchir en me disant que
j’aurai 2 semaines pour récupérer de Rapperswil. J’avais quand même été voir le
profil vélo sur le site de la course, mais que j’ai très rapidement relégué au
fin fond du cerveau dans une phase de déni. Par contre quelques jours avant
j’ai du me rendre à l’évidence… j’allais morfler… 1330mD+ pour 100km, presque
le double de Rapperswil : impossible de reculer, aïe !
En guise de motivation je
visionne en boucle le clip de la course et me prépare mentalement à un remake
de Rapperswil mais en plus long, plus chaud et plus dur…
Samedi 19 juin
Départ de Reignier avec la
bande du TriSalève : Cécile, Marine, Ludo et Did. Le ciel est d’un gris
menaçant et il fait plutôt froid pour un mois de juin ; pour se rassurer
on se dit qu’il doit sûrement faire meilleur sur place. La lueur d’espoir
diminue au fur et à mesure que les kilomètres s’égrènent, la pluie arrive par
petites gouttes au départ puis de plus en plus fort. J’essaye de mémoriser les
conseils de Ludo sur le parcours vélo qu’il avait été repérer quelques semaines
plus tôt… ce que j’en retiendrais c’est qu’à chaque fois que l’on rentre dans
un village, il y a un virage à droite et puis ça MONTE !!! On arrive
bientôt sur le site de la course et les derniers km que nous sillonnons sont
ceux de la course du lendemain : ça descend bien en pente, mais ça veut
surtout dire qu’il y aura tout ça à grimper avant.
Au retrait des dossards on
reçoit une petite serviette spécifique individuelle pour les épongeages sur la
càp pour éviter la pollution ; pas sûre qu’elle sera d’une grande utilité
cette fois-ci. On rejoint le reste des membres du club pour un petit apéro, puis
chacun rejoint son bungalow, tous situés par chance à quelques minutes à pied
du parc-à-vélo. Par contre on compatit avec ceux qui ont choisi l’option
camping… J’ai réussi à m’incruster avec Marine dans le chalet de Did et trois
autres triathlètes des Alligators, heureusement qu’il restait encore de la
place. Petite pasta-party improvisée puis j’essaie tant bien que mal de
m’endormir en priant pour qu’il ne pleuve pas le lendemain…
Dimanche 20 juin
7h du matin, le réveil sonne
et mon premier réflexe est de regarder par la fenêtre : myope comme une
taupe j’arrive seulement à voir qu’il fait sombre ; nouveau coup d’œil une
fois les lentilles mises, zut il pleut et en plus il fait un froid de canard.
Je n’ai absolument aucune envie de faire la course et pense même à rester au
chaud dans le chalet et attendre que les autres aient fini… Je ne sais pas si
c’est pour l’amour du tri ou par pur masochisme, mais on se rend tous au parc à
vélo où une nouvelle constatation me met le moral à zéro : le sol en terre
est complètement détrempé par la pluie ! J’essaie de protéger mes affaires
avec des sacs en plastique mais sans grande conviction. Dans l’aire juste à
l’entrée de l’eau, des centaines de pingouins parés de bonnets verts trépignent
en attendant le départ, ceux du courte distance sont en orange et partent 5min
avant nous. Petit briefing de l’organisateur qui nous informe qu’au vu de la
température de l’eau à 14°C la partie natation sera raccourcie de moitié,
c’est-à-dire 1.5km au lieu de 3km, génial ça va désavantager encore plus les
nageurs. Mes pieds glacés prennent un bain de boue et je suis transie par le
froid; dans la foule je reconnais Franck et Roger, tout autour les autres du
TriSalève plaisantent tandis que je reste mutique… mais qu’est-ce que je fous
là ? Pourquoi je me suis inscrite à cette course? C’est sûr, après ça
j’arrête le triathlon…
1.5km de natation
Les CD viennent de partir,
c’est bientôt notre tour ; une voix annonce au microphone un couloir de
départ spécial pour les féminines tout à gauche mais je préfère rester avec mes
potes. Ca commence à bousculer par l’arrière, le sifflet retentit et je
m’élance à contre cœur. L’eau est glaciale et m’asphyxie dès l’entrée, ça
envoie des coups de partout même si on n’est que 300, je n’arrive pas à respirer
et suis déjà entrain de brasser. Après 2min je pense à abandonner et faire
demi-tour, mais bon je me dis de continuer encore un peu jusqu’à la prochaine
bouée, et petit à petit la masse des nageurs s’étire, l’eau semble plus chaude
et je trouve enfin mon rythme même si l’orientation est plus que difficile car
je ne vois rien du tout dans le lac sombre. En fin de compte je suis quand même
bien contente de ne pas avoir à faire un second tour tellement le temps me semble long avant d’apercevoir de
nouveau la berge. Sur les cent derniers mètres la température de l’eau chute
d’un coup pour redevenir glaciale, heureusement que c’est la fin. Le tapis à la
sortie de l’eau est glissant, les petites pierres qui parsèment tout le chemin
de transition jusqu’au parc à vélo me piquent les pieds déjà bien anesthésiés.
Au parc je vois que le vélo
de Cécile n’est plus là, elle doit déjà être loin sur le parcours. Je perds un
temps immense à essayer de me sécher et mettre le maillot manches longues de
Yan (vu que j’étais tellement bien prémédiquée par le clip vidéo qu’il ne me
serait jamais venu à l’idée qu’il puisse faire froid !) et bien nettoyer
les petons pour enfiler des chaussettes sèches qui ne le resteront pas
longtemps. A peine quelques pas effectués en direction de la sortie du parc,
mes pieds s’enlisent dans de la boue et je manque de perdre mes chaussures. Je
vois le gars devant moi qui avait laissé les siennes clippées au vélo et qui
essaie d’éviter (sans y arriver) de salir ses chaussettes…
100km de vélo
J’atteins enfin la route et
c’est partie pour les 2 boucles : j’essaie de mouliner un max pour me
réchauffer mais j’ai les jambes et les pieds engourdis, sensation qui va rester
tout le long. La bonne nouvelle c’est qu’il a arrêté de pleuvoir et je prie
pour que la météo reste comme ça. Je me souviens que la première difficulté
commence vers le km10 et en attendant j’essaie de boire et manger mais ça
passer difficilement avec le froid. Comme d’habitude des paquets de cyclistes
me dépassent, mais de temps en temps j’entends des « allez
TriSalève ! » des autres du club vu que je portais le maillot de Yan
et ça me booste. Dans les côtes je prends mon mal en patience et mouline sur le
petit plateau mais ça ne va pas bien vite, le plus souvent le compteur
n’affiche pas les deux chiffres; dans les descentes j’essaie de tracer pour
rattraper le retard tant qu’il ne pleut pas, car sur une route mouillée je
n’oserai pas prendre ces risques. C’est vrai qu’à chaque village il y aura un
virage à droite puis une montée, ça me fait rire intérieurement. J’ai les
doigts tellement congelés que je n’arrive pas à attraper mes barres, et ensuite
j’ai du mal à les manger car elles sont devenues aussi dures que du béton. Fin
du premier tour après 2h10 et j’entame le second dans un état proche d’un
zombie, mon cerveau n’enregistrant plus grand-chose. Il recommence de nouveau à
pleuvoir par intermittence, j’en ai marre d’être sur le vélo, j’ai des crampes
dans le ventre et plus de force, normal avec à peine trois barres et un bidon
sur tout le parcours ! Je reconnais enfin la dernière descente nous
ramenant au parc et c’est presque un soulagement que d’aller courir.
20km de càp
Un parcours pas tout à fait
plat non plus avec 340mD+ au total, mi-bitume et mi-sentier dans la forêt, qui
au final ressemble bien plus à du trail au vu des chemins tout boueux à
sillonner. Les jambes sont tétanisées et la foulée lourde et ce n’est que du
plat pour l’instant ; la bosse de 3km commence juste après le premier
ravito et j’alterne course et marche sans grande différence de vitesse.
Beaucoup de monde me dépasse encore, mais la plupart sont déjà sur leur
deuxième tour. Dans les descentes je sens mes genoux qui ramassent tout et dans
les passages boueux j’essaie juste d’éviter l’entorse de cheville. Fin de la
boucle où l’on revient devant le parc, ceux qui terminent leur course
franchissent la ligne d’arrivée tandis que je dois passer à droite pour encore
10km de galère… je me demande si quelqu’un s’en apercevrait si je bâchais la
fin et passais la ligne maintenant. Mais bon, à quoi ça sert de s’aligner sur
une course si c’est pour ne pas la faire en entier ? Je continue donc mon
chemin de croix, il pleut toujours par intermittence et les coureurs se font
bien plus rares. Juste en bas de la bosse j’entends quelqu’un m’appeler, c’est
Roger qui me dépasse et qui va tracer comme un fou dans les descentes. Je pense
à bien m’hydrater mais n’arrive à rien manger de solide mis à part quelques
morceaux de pain d’épice et des raisins secs. Arrive finalement la dernière
ligne avant le parc, cette fois c’est moi qui vais rester sur la gauche pour
passer la ligne d’arrivée. Juste derrière un bénévole me tend un petit écureuil
en peluche et je m’y accroche comme à un lingot d’or… c’est que j’ai souffert
pour l’avoir cet écureuil, et j’y tiens !!! Les jambes flageolantes, je
rejoins Roger et Marine qui nous attendait dans l’aire d’arrivée.
Après la course
On retourne au chalet et la
douche bien chaude me ressuscite. Maintenant que la course est derrière je me
dis que ce n’était pas si terrible que ça en fin de compte (toujours facile à
dire une fois que c’est derrière soi). Le temps de ranger mes affaires trempées
et on remballe tout sans traîner car la route du retour est encore longue. Dans
la voiture tout le groupe est naze mais content, on reviendra volontiers
l’année prochaine… à condition qu’il fasse beau !
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