samedi 9 août 2014

Petite baignade à Palavas


Ecrit le lundi 17 mars 2014





J’embarque ce samedi 15 mars en début d’après midi à bord du TGV à destination de Montpellier pour un petit week-end natation. 
Après 4h30 de trajet dont plus de trois quart d’heure d’arrêt en pleine voie à cause d’un problème mécanique du train précédent, j’arrive finalement à destination où je retrouve un petit groupe hétéroclite de nageurs formé  au fil du temps à travers des contacts sur des forums de natation, des blogs et via facebook. Tout d’abord Sergio, que je connaissais déjà par Pierrot, et qui vient également de Genève ; François-Xavier dit FX, de Poitiers, que j’avais rencontré l’année passée ; Hugues de Lyon et finalement Jacques Tuset, le célèbre nageur d’extrême que j’avais découvert à travers son blog passionnant avec les multiples récits de ses courses et traversées mythiques ! C’est pour nous un honneur de le rencontrer et en plus d’être accueilli si gentiment par sa famille chez eux pendant ce week-end. Manque à l’appel René de Béziers, qui se joindra à nous plus tard lors du dîner.

Petite halte à la maison de Jacques pour récupérer sa femme Fabienne et ses deux enfants, et par la même occasion de constater que Jonathan Sexton est évacué minervé et immobilisé sur une civière (j’espère que ce n’est pas trop grave) et que le XV de France est mené d’un point contre l’Irlande à 10 minutes de la fin (malheureusement le score ne bougera plus) pour aller au Panda Wok, un restaurant type buffet à volonté, où nous avons pu prendre des forces pour le lendemain. Jacques nous a exposé toutes les choses à savoir concernant la nage en eau libre, et nous de notre côté on en a profité pour poser toutes les questions qui nous taraudaient et récolter le maximum d’informations et de petits trucs et astuces.


Le reste du groupe est fatigué car ils ont nagé deux sessions de 1h aujourd’hui, une en matinée et une autre l’après-midi pendant que j’étais dans le train, donc dodo car ce qui nous attend demain ne sera pas de la tarte. Pour ma part j’ai du mal à trouver le sommeil car pas si sereine que ça pour le lendemain, et c’est seulement après minuit et demi que je m’endormirai.

Réveil à 7h alors que l’alarme était programmée pour 8h, mais en ayant bien dormi et avec l’impression d’être bien reposée, tant mieux. Je rejoins les autres pour le petit déjeuner où nous avons droit à des toasts au nutella et des crêpes au chocolat, du jus de fruit, thé et café, merci Fabienne ! On prépare les affaires puis direction la plage de Palavas avec un petit détour pour récupérer Hugues à son hôtel.


On arrive à la plage ver 9h30 et Jacques s’active à aller en paddle placer deux bouées lestées dans l’eau pour délimiter l’endroit où nous nagerons, alors que nous nous préparons tranquillement dans la hangar des sauveteurs. Il fait un temps magnifique avec le grand soleil, un vent à 25km/h qui se lèvera progressivement et une température de l’air à 17°C. Jacques revient et nous montre son thermomètre solaire qui affiche 15.4°C mais on sait très bien que l’eau n’est malheureusement pas à cette température-là vu que la veille elle était à 13°C… bref de toute façon on n’a pas le choix… quand faut y aller, ben faut y aller…


Tout est en place, on distingue les 2 bouées séparées d’environ 260m, celle de droite blanche et celle de gauche jaune avec un petit bateau gonflable où on a pu placer notre ravito personnel pour ceux qui le désiraient : j’y ai mis 3 farmers et un bidon d’Hydrixir (en espérant ne pas chopper la ch… vu que la date de péremption est début 2013… mais bon, c’est du sucre, non ? ça se conserve longtemps ce genre de chose, non ? Enfin, je verrai bien quoi !). Les autres ont mis des bouteilles d’eau et quelques bananes pour tout le monde. Voilà, dernières recommandations de Jacques est aujourd’hui notre « observer » et qui va donc rester sur la plage et compter nos longueurs et notre temps de nage et surtout nous surveiller au cas où l’un d’entre nous aurait un problème quelconque ou une défaillance. Nous avons tous une bouée orange fluo rattachée à notre taille excepté Hugues qui nage en brasse et qui est gêné pour nager avec, nous rendant mieux visible dans l’eau pour des questions de sécurité. Les sauveteurs de Palavas sont également présents, c’est rassurant.


Notre but à tous les cinq: tenir 2h de nage ; la vitesse n’importe pas, c’est vraiment notre endurance au froid qui est testée. Mes seules expériences de nage en eau froide sans combi c’était la coupe de Noël en 2004 (mais c’est seulement 125m de course!) et 1h dans le Léman à 18°C avec Sergio en septembre dernier… eh oui, je suis une vraie nageuse de piscine de 25m surchauffée lol


Bref, il est 10h08 et le départ est donné : dès le 1er pied qui rentre dans l’eau c’est « piiiinnnnaaaaiiiiisssseeee comme elle est FROIDE !!!! » (bon, j’avoue : ce n’était pas le mot punaise que je me suis dit, mais un mot assez proche commençant par la même lettre mais que la bienséance m’empêche d’écrire ici). Sergio part comme une trombe, de mon côté je prends le temps de rentrer progressivement dans l’eau et j’attaque même par de la brasse tête en dehors, puis du water polo et finalement je plonge le visage dans l’eau. La chance : aucune buée dans les lunettes et pas d’eau qui s’insinue dedans, et bonne surprise avec les bouchons d’oreilles recommandés par Jacques et que j’utilise pour la première fois en natation : je n’ai pas eu d’eau qui rentre dans les oreilles et qui m’emm… en me faisant un mal de chien ! Astuce adoptée illico !


On se dirige vers la bouée blanche puis après ce sera des aller-retours chacun à son rythme. Peu à peu je commence à m’adapter à la température mais tout en ayant quand même toujours un peu froid… froid qui va augmenter progressivement en atteignant d’abord les orteils et les mains, puis les cuisses, puis les bras et même l’articulation du genou droit ainsi que le tendon d’Achille droit (et là j’ai eu peur… pas de l’hypothermie mais d’avoir de nouveau flingué mon tendon !!!). Bref, n’ayant pas la Garmin dans mon bonnet je n’avais aucune idée du temps qui s’écoulait ; je me suis arrêtée au bout de 3 aller-retours quelques secondes le temps de boire quelques gorgées et de prendre la moitié d’un farmer, pas si évident que ça à manger en nageant car j’avais la bouche pleine d’eau salée en même temps et c’était pas top. Je n’avais pas spécialement faim à ce moment-là mais c’est l’habitude prise avec les sorties vélos où on doit se ravitailler régulièrement avec des petites quantités, et donc j’espérais que ça empêche le coup de mou qui pourrait être catastrophique et irrécupérable si en plus en même temps on commence à basculer dans l’hypothermie. Pour la suite j’ai continué ainsi avec un arrêt ravito tous les 3 AR (trois ravitos au total) ce qui correspondait plus ou moins à chaque demi-heure, finalement exactement comme à vélo pour le solide ! Pas mal comme gestion au feeling et avec ça aucune fringale.

Dans l’eau je ne voyais que de l’eau brune et mes bras, parfois je devinais le sable au fond lors du passage des bouées où on devait presque avoir pied je pense, mais sinon rien d’autre, pas de poisson. Je n’ai pas réussi à me concentrer sur quelque chose donc au final je n’ai pensé à rien de constructif ! Etonnant que pendant tout ce temps je n’ai eu que ces quelques phrases qui revenaient en boucle « j’ai froid », « au moins on a de la chance il fait soleil », « eau salée berk », « on en est à combien tu crois ? », « tiens on dirait qu’il y a de plus en plus de vagues », « bizarre je n’ai pas mal à l’épaule, ça doit être l’effet cryothérapie de l’eau froide » et « bon, faut continuer à nager »… je ne me souviens de pas grand chose d’autre ! Les seuls repères temporels étaient quand je croisais les autres nageurs. A un moment Jacques est venu sur sa planche vers la bouée jaune pour voir comment on allait et nous dire qu’on était à la moitié ; il nous le dira que plus tard, mais en fait il pensait que certains d’entre nous allaient peut-être commencer à se sentir moins bien à cause de l’hypothermie et donc il venait s’assurer de cela. Quelques temps plus tard je croise René, toujours vers la bouée jaune ; je lui demande à combien on en est et il me répond 1h20 et à partir de ce moment-là tout est arrivé en même temps : le vent s’est levé, on a eu beaucoup plus de vagues, j’ai commencé à avoir de plus en plus froid et à sentir la fatigue. Même des séries de battements de jambes à fond n’arrivaient même plus à réchauffer les orteils et les bras devenaient de plus en plus lourds. Les vagues n’arrangeant en rien les choses, je me suis retrouvée à faire pas mal de petites portions en brasse pour repérer les bouées pour éviter de trop dévier et de trop boire la tasse. 

Après encore quelques longueurs je vois Sergio qui nageait en sens inverse lever les poings au ciel ; je n’ai rien capté de ce qu’il criait mais à sa mine j’ai compris que c’était bon pour les 2h alors on a regagné la plage tranquillement en se laissant ramener par le courant. A la sortie de l’eau j’ai perdu Sergio qui a filé quasi au pas de course sous les douches, pas de René à l’horizon (déjà sous la douche), FX assis sur le sable et Hugues qui terminait sa nage : dommage pas de photo à notre sortie.


C’est seulement une fois sous l’eau chaude de la douche que j’ai commencé à trembler comme jamais je n’ai tremblé (encore pire que le shivering post-opératoire je pense !) sans pouvoir m’arrêter pendant bien 5 minutes, puis une fois sèche et rhabillée ça allait beaucoup mieux. Le temps que les autres gars finissent leurs douches et que Jacques récupère les 2 bouées, on s’est ensuite posé au soleil pour le débriefing : Jacques était très satisfait de ce qu’on avait fait et a même été surpris en bien ! Au final la température de l’eau était de 12.3°C et on a tenu 2h dedans ! Je ne pense pas avoir autant nagé en une séance depuis bien une dizaine d’année et jamais si longtemps dans une eau à cette température donc c’est une belle satisfaction. Tout le monde était content et l’esprit de groupe s’est trouvé encore plus renforcé, c’est génial.




On s’est ensuite régalé avec le repas préparé et amené par Fabienne (merci encore pour l’accueil et pour tout !!!) puis retour à la maison le temps de faire un peu d’administratif avant de reprendre le train avec Sergio et Hugues pour Genève en passant par Lyon. 



C’était donc un week-end super cool où j’ai pu faire la connaissance de gens vraiment très sympathiques, maintenant je suis crevée et malheureusement l’épaule commence à se réveiller mais c’était que du bonheur !






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